« J ’ai entendu une pétarade. J’ai cru que c’était un feu d’artifice car le voisin en tire de temps en temps, sauf que là, c’était vraiment fort, comme un bouquet final. Et puis j’ai entendu des sirènes qui arrivaient crescendo. J’ai compris que c’était autre chose qu’un feu d’artifice. » Effectivement, il n’y avait pas matière à s’amuser jeudi matin à Cormontreuil.
Vers 11 heures, des policiers y ont risqué leur vie pour intercepter une voiture qui a foncé sur eux, les obligeant à faire usage de leurs armes. Une dizaine de coups de feu ont été tirés, sans blesser les quatre occupants, tous rattrapés après la perte de contrôle de leur Citroën Xantia sévèrement accidentée.
Une voiture de police projetée contre un arbre
D’après nos informations (la police ne souhaite pas communiquer, invoquant l’enquête en cours), les quatre personnes sont trois hommes et une femme qui revenaient des Pays-Bas avec des produits stupéfiants.
Les enquêteurs le savaient. Un dispositif impliquant plusieurs véhicules banalisés attendait leur retour dans l’agglo rémoise. L’interception semble avoir été décidée à une sortie de la voie Verte, là où un pont permet de rejoindre la zone commerciale des Blancs-Monts à Cormontreuil.
La bretelle de sortie donne sur un petit rond-point. Sommé de s’arrêter, le conducteur a forcé le passage. L’une des voitures banalisées a quitté la chaussée, traversé une haie et percuté un arbre – aucun blessé – pendant que la Xantia s’échappait par l’avenue François-Mitterrand où d’autres policiers étaient positionnés.
Certains avaient mis pied à terre. La voiture a foncé sur eux. Ils ont tiré. « J’ai entendu dix ou quinze coups de feu, comme une rafale », relate un riverain. Plusieurs des projectiles calibre 9 mm, pistolet Sig Sauer, auraient touché la Xantia qui a dépassé les policiers et emprunté le rond-point suivant à contresens avant de tourner rue Alfred-Nobel où elle a violemment percuté un panneau stop – descellé du sol – puis terminé sa course contre un Peugeot Partner en stationnement.
Les quatre personnes en garde à vue
« J’aurais été dedans si ma fille ne m’avait pas proposé un autre café », témoigne son propriétaire. « Je venais de me rasseoir quand on a entendu des coups de feu. On s’est mis à la fenêtre. Ça bougeait pas mal. J’ai crié à ma fille et mon gendre : Baissez-vous ! »
La Xantia avait déjà percuté le Partner quand un autre riverain est sorti de chez lui. « J’ai vu la bagnole explosée. Les quatre portières étaient ouvertes. Il n’y avait plus qu’une fille dedans, à l’arrière. Les policiers l’ont sortie et traînée sur plusieurs mètres avant de la menotter dans l’herbe. Les autres s’étaient déjà barrés en courant. » Pas pour longtemps.
Après s’être relevé à la fenêtre, le propriétaire du Partner « a vu un monsieur à terre sur le trottoir, des policiers autour ». « J’en ai vu un autre qui courait dans le parc avec les policiers derrière. Ils l’ont rattrapé en le faisant tomber. » Le dernier fuyard, lui aussi, n’a pas couru assez vite.
Jeudi soir, le quatuor s’apprêtait à passer la nuit en garde à vue. On ignore la quantité de drogue retrouvée en sa possession. Les prochaines heures permettront peut-être d’en savoir davantage.
Source: http://www.lunion.presse.fr/